Selon un rapport, les entreprises pétrolières fournissent une essence très toxique aux pays d’Afrique de l’Ouest
Scandale des carburants nocifs
Un rapport de « l’inspection pour l’environnement humain et les transports » des Pays-Bas, a révélé lundi 9 juillet 2018 un phénomène de grande ampleur. « Les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible », peut-on lire dans le rapport de l’inspection.
Ainsi, la « qualité africaine » serait donc un terme utilisé par les courtiers afin d’évoquer l’essence et le diesel de mauvaise qualité. En effet, dans ces produits pétroliers, la teneur en soufre est entre 200 et 1000 fois supérieure aux normes européennes.
L’enquête a été menée par la police néerlandaise sur diverses cargaisons en partance pour l’Afrique de l’Ouest. Dans les 44 tankers analysés, le manganèse et benzène, substances hautement cancérigènes, ainsi que d’autres produits pétrochimiques interdits dans la majeur partie du monde, sont employés « à grande échelle ».

« La livraison de carburants toxiques à l’Afrique de l’Ouest n’est rien de moins qu’un scandale environnemental et de santé publique » a déclaré le norvégien Erik Solheim, à la tête du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). « L’idée que certaines parties du monde ne méritent pas la même protection sanitaire que les autres et tout simplement choquante ».
Des millions de morts chaque année
Environ 50 % des produits pétroliers exportés vers l’Afrique de L’ouest partent d’Amsterdam et Rotterdam (auxquels s’ajoute Anvers) selon l’ONU. Les mélanges étant effectués dans ces terminaux qui disposent de raffineries, les Pays Bas se sont donc emparés du problème.
Ce rapport d’enquête sur le « dirty diesel » vient donc confirmer les résultats publiés par l’organisation non gouvernementale Suisse, Public Eye, deux ans plus tôt. Cela démontre que le « business de carburants toxiques » fonctionne à plein régime sans aucune retenue par les grands groupes pétroliers. En effet, ceux-ci tirent profit de la faiblesse des normes en vigueur en Afrique et ne se préoccupent pas des problématiques environnementales et sanitaires.

Face à ces groupes peu scrupuleux et ces normes laxistes, les carburants nocifs se répandent depuis des dizaines d’années partout en Afrique de l’Ouest sous forme notamment d’émissions polluantes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 7 millions de personnes meurent chaque année en Afrique des suites de pathologies provoquées par la pollution aux particules fines.
Malheureusement jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien d’illégal à exporter des carburants hautement soufrés. Bien que l’Afrique tente de réduire « la teneur en soufre autorisée » dans le diesel et à appliquer des standards internationaux, les mouvements restent timides et réticents d’un point de vue « économique ». Le gouvernement Européen ferme quant à lui les yeux sur ces pratiques qui profitent aux acteurs pétroliers.
L’enquête réalisée aux Pays-Bas sera prochainement présentée devant le Parlement et certains cas pourront être néanmoins amenés devant la justice.