Alors que la déforestation pour l’huile de palme met en péril la biodiversité en Asie, c’est aujourd’hui celle de l’Afrique qui est mise en danger.
Un impact mondial
La production de l’huile de palme, utilisée pour l’alimentation, les cosmétiques ou les agro-carburants, est aujourd’hui issue à 85 % d’Asie du Sud-est (Indonésie et Malaisie). En 2015, 20 millions d’hectares de terres étaient dédiées à cette exploitation. Cependant la demande mondiale reste croissante, avec 8.7 % par an depuis 1995, et l’importation d’Asie ne suffit plus.
En effet, 53 millions d’hectares supplémentaires pourraient être nécessaire à la culture de l’huile de palme en 2050, dont 44 millions pour l’alimentation et 9 millions pour les carburants.
L’Académie des sciences américaines a publié le 13 août, les résultats d’une étude internationale menée par le centre commun de recherche de la commission européenne. Les résultats de cette étude présagent une menace sérieuse pour le continent Africain.

En effet, l’expansion nécessite des conditions particulières, mais l’Afrique possède des écosystèmes tropicaux de basse altitude adaptés à cette culture. Déjà pratiquée à petite échelle au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en République du Congo ainsi qu’au Cameroun, l’activité devrait prendre de l’ampleur dans les années à venir.
Les primates : indicateurs de la biodiversité
Mais les résultats de l’étude révèlent une menace sérieuse pour la biodiversité du continent. En effet, les chercheurs ont analysé les impacts prévisibles sur 193 espèces de primates recensés sur le sol africain. Selon eux, de nombreuses espèces classées « menacées d’extinction » par l’Union Internationale pour la Conservation ne survivraient pas à cette production responsable de la déforestation.
« Les primates sont de bons indicateurs de l’ensemble de la biodiversité » expliquent les auteurs de l’étude. « En dispersant les graines, ils jouent un rôle important dans le maintien de la composition des écosystème forestiers ».

Les chercheurs ont alors souhaité savoir « dans quelle mesure des plantations de palmiers à huile étaient compatibles avec la préservation des primates. Il apparaît que sur 30 millions de km2 du continent africain 9 % seulement reste propice à la culture. Par ailleurs, seul 130 000 hectares pourraient allier « un haut rendement » et un « faible impact sur les primates ».
Néanmoins, les industriels ne semblent pas vouloir réguler leur impact sur la faune et la flore et ces critères « rendement-impact » ne sont pas pris en compte.
« De la même façon que la culture d’huile de palme a des conséquences dramatiques sur la biodiversité en Asie du Sud-Est, concilier développement à grande échelle de cette culture en Afrique et conservation des primates sera très difficile », affirment les chercheurs.
Selon Ghislain Vielledent, écologue du centre de coopération internationale, il ne faudrait pas permettre l’expansion mais augmenter la productivité des plantations actuelles par l’utilisation de semences à haut rendement en huile et adopter de meilleures pratiques agricoles.
En outre, afin de préserver ces espèces ainsi que la biodiversité mondiale, les pays du Nord devraient réduire drastiquement leur consommation afin que des millions d’hectares de forêts soient préservés en Asie ainsi qu’en Afrique.