Doté d’un budget de 3,5 milliards d’euros sur cinq ans, le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique avait été présenté par le gouvernement en décembre dernier. Ce jeudi 16 mai, les conclusions du rapport d’information sur l’adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050, fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective, ont été rendues publiques.
Conséquences des dérèglements climatiques
« Les manifestations du réchauffement climatique sont déjà visibles en France et vont continuer à s’amplifier. » commence le rapport. « Le proche avenir climatique du pays, d’ici à 2050, est pour l’essentiel déjà écrit. Il correspond à un réchauffement de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. » À partir de là, les auteurs passent en revue les conséquences principales auxquelles devront faire face les Français.
Tout d’abord, avec la montée du niveau de la mer, une aggravation des événements de submersion côtière. Ensuite, à cause des températures, une forte hausse du risque d’incendie ainsi que des vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus sévères.

Le rapport établi également des projections inquiétantes concernant les ressources en eau : une baisse significative de la recharge des nappes et une baisse du débit moyen annuel des cours d’eau, avec notamment des débits estivaux réduits de 30 à 60 %.
« Cette raréfaction des ressources hydriques se traduira par la détérioration des milieux aquatiques, des contraintes accrues sur l’approvisionnement en eau potable ou encore des perturbations sévères pour des secteurs comme l’agriculture, le tourisme ou l’énergie. Dans les territoires en situation de stress hydrique, les conflits d’usages pourraient se multiplier. » prévient-il.
Inévitablement, les activités économiques se trouvent perturbées, avec l’agriculture comme secteur le plus directement touché. Les impacts se révèlent donc non seulement d’ordre écologique et sanitaire, mais aussi économique.

Propositions face à l’urgence
La délégation formule 18 propositions, centrées autour de 4 grands axes.
- Inscrire plus activement l’adaptation au changement climatique dans le débat public. D’une part en s’appuyant davantage sur les institutions telles que le Parlement et le Conseil économique social et environnemental, afin de créer une mobilisation et un large accord national sur la stratégie d’adaptation. D’autre part en mettant fortement l’accent sur les enjeux climatiques dans l’éducation et la formation. Enfin, en portant la nécessité d’une implication européenne forte sur ces sujets.
- Renforcer l’accompagnement par l’État des collectivités et des acteurs économiques. Les auteurs préconisent notamment d’accentuer le soutien financier à la recherche et à l’expertise scientifique dans les domaines liés à l’impact du dérèglement climatique et d’accorder un accès gratuit aux données nécessaires à l’élaboration des politiques d’adaptation. Il s’avère en outre nécessaire d’instaurer un pilotage plus interministériel des politiques d’adaptation, impliquant plus fortement certains ministères comme celui de l’Économie.
- Accélérer la déclinaison des politiques d’adaptation dans les collectivités et les filières économiques. Pour cela, faciliter un agissement efficace au niveau local. Certaines régions se trouveront particulièrement touchées, comme les territoires ultramarins, les littoraux, les zones de moyenne altitude.
- Accentuer l’effort national dans 4 chantiers d’adaptation complexes et sensibles, qui sont le soutien aux territoires les plus vulnérables au changement climatique, la mise en place d’une politique ambitieuse d’adaptation du bâti (le secteur du logement et du bâtiment consomme le plus d’énergie en France, près de 45 %), des politiques de l’eau adaptées (améliorer le rendement des réseaux, récupérer les eaux de pluie, préserver les zones humides…) et un plan national d’adaptation de l’agriculture.