Le gel des tarifs autoroutiers pour l’année 2015 va entraîner pour les automobilistes coutumiers de ces voies un surcoût de 500 millions d’euros étalé de 2019 à 2023. C’est ce que révèle un rapport de l’Arafer (Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières).
Une tentative de gel des tarifs en 2015
En 2014, la « rente » des sociétés autoroutières (19 concessionnaires se partagent le gâteau) fait polémique, en particulier après la publication d’un rapport de l’Autorité de la concurrence qui accuse des bénéfices excessifs et de facto une situation de rente. On y parle d’oligopole, c’est-à-dire un monopole détenu par un groupe limité de personnes, on y parle de haute rentabilité malgré une progression lente du trafic. Bref, vous l’aurez compris, on brasse pas mal d’argent sur le dos des automobilistes.
Un fond de polémique sur la rente des sociétés concessionnaires, donc. Et il y a de quoi : elles ont rapporté 1,45 milliard d’euros de dividendes cette année là, et proposent pour l’année 2015 une hausse moyenne de 0,57% des tarifs, mesure qui entrerait en application au 1er février, usage consacré. Les réactions publiques ne se font pas attendre, notamment des ministres de l’Economie et de l’Ecologie de l’époque, respectivement Emmanuel Macron et Ségolène Royal, qui protestent, déclarant la mesure inadmissible.
Le gel des tarifs est finalement imposé de manière unilatérale par Matignon, les sociétés autoroutières décident alors de l’attaquer en justice, jugeant cette mesure illégale. En effet une augmentation annuelle des tarifs autoroutiers est autorisée dans le contrat de ces dernières, afin notamment de réaliser des travaux d’entretien et de rénovation du réseau. Finalement un accord est trouvé.
L’accord secret entre l’Etat et les concessionnaires autoroutiers
Ce rapport, un ancien élu de Grenoble s’est battu pendant deux ans pour l’obtenir, en vain, malgré une injonction du tribunal administratif demandant au « ministre de l’Economie de communiquer à Raymond Avrillier dans un délai de trois mois l’accord conclu le 9 avril 2015 entre l’Etat et les sociétés d’autoroutes ».
Une enquête menée par L’Œil a permis de mettre la main sur le fameux accord. Il prévoit effectivement un gel des tarifs pour l’année 2015, ainsi que le financement par les sociétés d’autoroutes de 3,2 milliards de travaux sur 10 ans, mais le prix à payer est lourd. Les très rentables compagnies autoroutières obtiennent par là stabilité fiscale et clauses pour allonger la durée des concessions. En bref elles ressortent gagnantes de ce bras de fer puisqu’elles réussissent à prolonger leur oligopole, à retarder leur ouverture à la concurrence. Mais n’oublions pas l’essentiel : pour compenser le gel des tarifs de 2015, des hausses de tarifs additionnelles sont prévues de 2019 à 2023 !
C’est ici qu’intervient le rapport de l’Arafer qui explique que les automobilistes paieront donc 500 millions de plus que ce qui était prévu à l’origine. Ce chiffre est évidemment contesté par les concessionnaires.
Quand y en a plus, y en a encore : le deuxième plan autoroutier
En janvier 2017, un nouveau programme de travaux autoroutiers a été arrêté, et il représente un coût d’environ 800 millions d’euros. Ce plan comprend 32 opérations d’aménagement ou de rénovation des échangeurs ainsi que la construction d’une vingtaine d’aires de stationnement dédiées au covoiturage. Comment vont être financés ces travaux ? Le secrétariat d’Etat aux Transports indique que des hausses de 0,1 à 0,4% des tarifs autoroutiers sont prévues à cet effet, celles-ci s’ajoutant aux hausses censées compenser le gel des tarifs en 2015…
Une défaite du quinquennat qui s’ajoute à celle des écotaxes. On vous conseille de prendre le train !

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