A Strasbourg et ses environs, la mobilisation contre le Grand contournement ouest (GCO), un projet d’autoroute destiné à désengorger la capitale alsacienne, continue. Le projet, évoqué par les autorités locales et nationales depuis plus de 40 ans, est plus que jamais compromis par la résistance citoyenne, qui ne veut pas sacrifier à Vinci et aux poids lourds la tranquillité des bois autour de Strasbourg.
Terre de discorde
Imaginée par un document d’urbanisme dès 1972, l’idée d’une rocade contournant Strasbourg par l’ouest, et allégeant le trafic – notamment celui des poids lourds en provenance d’Allemagne – sur l’A35 qui traverse la ville, peine à s’imposer dans la région. Si, depuis 2013, le projet possède un financement (500 millions d’euros, apportés par Arcos, une filiale de Vinci) et une déclaration d’utilité publique (DUP), les travaux ne sont pas allés plus loin que les sondages géotechniques et fouilles archéologiques légalement requis avant l’ouverture du chantier.
En effet, ce projet de construire 24 kilomètres d’autoroute, ainsi qu’une aire de stockage et de repos, se heurte à une résistance acharnée de la part des habitants des communes entourant Strasbourg, comme Pfulgriesheim, Dingsheim, Griesheim-sur-Souffel, ou encore Kolbsheim. Les arguments avancés contre le projet par les habitants vont de la tranquillité à l’écologie, et sont habilement recensés dans une bande-dessinée par la dessinatrice Lili Sohn, originaire de la région.
A la lecture de son manifeste, on apprend que la parcelle choisie par Arcos est couverte d’une forêt et de terres agricoles, dont respectivement 11 et 280 hectares sont menacés par le bitume du projet. De plus, cette région est le dernier habitat d’espèces protégées, comme le grand hamster d’Alsace ou le crapaud vert. Enfin, le tracé envisagé par Vinci ferait passer l’autoroute à quelques 600 mètres du château de Kolbsheim, monument datant du XVIIIème siècle, entouré de 30 hectares de jardins, classés au label « jardin remarquable ».

Projet inutile
« La démonstration de l’utilité de ce projet reste toujours à faire », martèle le maire de Kolbsheim, interviewé par Rue89. Celui-ci fait références aux doutes émis par les opposants aux projets sur la réelle efficacité à désengorger Strasbourg du projet : un projet de contournement ne changera, selon ces derniers, rien à la quantité d’habitants de la région qui vont travailler chaque jour à Strasbourg, sans se soucier du contournement, d’autant plus que le passage y sera payant (et l’un des plus chers de France).
Alors que la déclaration d’utilité publique, délivrée en 2008 et qui garantit la légalité des travaux, touche à sa fin (elle possède une validité de 10 ans), les opposants au projet, rassemblés dans l’association GCO Non Merci, appellent ce week-end à une nouvelle manifestation. Ils possèdent le soutien du syndicat agricole FDSEA, inquiet de la disparition de terres arables de premier rang sous le bitume de l’autoroute.
Après la manifestation pacifique de ce week-end, les opposants laissent déjà entendre un certain durcissement de l’opposition, afin d’empêcher le début des travaux en décembre ; si ceux-ci ne peuvent pas débuter, Vinci sera dans l’obligation d’attendre une prorogation de la DUP, ou de travailler dans l’illégalité.

Zone à défendre
Forts d’un avis négatif rendu par Comité National pour la Protection de la Nature (CNPN), et dans l’attente d’une réaction de Nicolas Hulot, l’opposition mène une guérilla sur deux fronts : du côté administratif, avec « au moins un recours devant le tribunal administratif, un autre auprès de la Banque européenne d’investissement pour le projet de financement et deux recours devant la Commission européenne », selon Dernières Nouvelles d’Alsace. De surcroît, une pétition contre le projet a été lancée, et comptabilise déjà 5 000 signatures (vous pouvez la signer ici).
De surcroît, la lutte s’organise sur le terrain, avec la timide création d’une zone à défendre (ZAD) de quelques cabanes, pour montrer l’occupation du terrain, ainsi que l’organisation d’une « marche des cabanes ». Une installation du mouvement de résistance approuvée à demi-mots par le maire de Kolbsheim : « si le mouvement devait se durcir, il ne faudra pas s’étonner », lance-t-il dans son interview.

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