Pendant la campagne, les Républicains en Marche (LREM) s’étaient autoproclamés chantres de l’éthique en politique. Ils brandissaient partout le projet de moralisation de la vie publique comme le flambeau qui permettrait aux citoyens de leur redonner confiance en une classe politique corrompue. Face aux Fillon et au scandale des « emplois familiaux » qui semblaient (ô surprise) toucher les bancs de toutes nos institutions représentatives, les futurs députés de LREM se présentaient comme un nouvel ordre politique vierge, immaculé.
Symboliquement, la loi était soumise au vote de l’Assemblée dès les premières semaines qui ont suivies les législatives pour finalement être promulguée le 15 septembre 2017. Ainsi, la loi interdit les « emplois familiaux de collaborateurs pour la famille proche (conjoint, parents et enfants ainsi que ceux du conjoint) pour les ministres, parlementaires et exécutifs locaux, sous peine de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende ». La loi stipule également que les hommes politiques doivent déclarer auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) toute personne ayant un lien familial avec le député en question ou avec un membre de la famille d’un autre élu ou ministre.
C’est grâce à cette dernière clause qu’on peut découvrir avec surprise que, ceux-là même qui ont porté le projet de loi et ont voté en sa faveur, sont aussi ceux qui usent de cette ruse – un dérivé de l’ « embauche croisée » – pour permettre aux membres de leurs familles d’avoir une place bien au chaud dans l’entourage d’un copain député. Révélées en premier lieu par le média Street Press, on découvre en lisant les déclarations des députés En Marche ! Christophe Arend et Bertrand Sorre leurs habiles magouilles. Christophe Arend, député de Moselle, compte parmi ses collaborateurs le fils de la députée (de Moselle également) Nicole Trisse. De la même façon, Bertrand Sorre, élu de la Manche, emploie la fille de Patrick Vignal, Maryll.
Evidemment tous ses employeurs-bienfaiteurs avaient approuvé la loi de moralisation de la vie publique !
Interrogés par BFMTV, les députés en question se défendent d’une quelconque pratique frauduleuse ou simplement immorale. Selon eux, c’est parce que leurs enfants sont « compétents » qu’ils ont été recrutés au milieu de la foule de CV. Nicole Trisse a ainsi déclaré :
« Les CV se baladent, moi j’en ai encore beaucoup qui arrivent. Si demain celui du fils ou de la fille d’un collègue se présente, je ne vais pas l’écarter pour ça. »
Le fait est que cette pratique reste légale, quoique contestable, surtout pour des députés qui ont voté « des deux mains » (selon la formule de Bertrand Sorre) la loi sur la moralisation de la vie publique. Par ailleurs, le déontologue de l’Assemblée aurait été informé de ces emplois. Voilà donc à quoi ressemble la morale « en marche » : une pseudo déontologie qui évolue aux gré des circonstances, tantôt pour s’attirer les faveurs du peuple, tantôt pour arranger les copains du banc voisin…

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