Depuis le 1er mai, un ticket à 49 euros par mois permet de voyager partout en Allemagne, à l’exception du Sud-Est de la Bavière. Ce ticket est apparu pour pérenniser le test réussi d’un tarif à 9 euros pendant l’été 2022 sur les transports régionaux. 52 millions d’abonnements avaient été vendus. Mais pour l’opposition, l’opération a été un échec et la rénovation des voies ferroviaires devrait être la priorité.
Le Deutschland-Ticket permet un accès illimité à presque tous les bus, métros, trains locaux et régionaux. Seuls les trains à grande vitesse ne sont pas inclus. Le gouvernement cherche par l’intermédiaire de cette initiative à soutenir la population face à l’inflation et encourager les automobilistes à prendre des transports moins polluants.
Jusqu’ici, la tarification allemande était plutôt opaque et les innombrables zones de transports découragaient les voyageurs. La simplification du ticket et son nouveau tarif permettent de nouvelles possibilités pour se déplacer dans toute l’Allemagne.
Le 24 avril, 750 000 tickets avaient déjà été vendus en préventes, sans compter les usagers qui ont converti leur abonnement régulier en Deutschland-Tickets.
L’association allemande des gestionnaires de transports publics estime que le nouveau ticket attirera 16 millions de futurs abonnés, dans un pays de 84 millions d’habitants.
Un accord de financement a été trouvé entre les régions et l’Etat qui verseront chacun 1,5 milliard d’euros par an pour l’opération, afin d’éviter d’empirer le déficit de la Deutsche Bahn, l’opérateur ferroviaire national, estimé à 30 milliards d’euros.
Mais cet accord est critiqué par l’opposition. Le député chrétien-démocrate Michael Donth estime que l’argent aurait dû être utilisé « pour améliorer et rénover les infrastructures ferroviaires. »
Pour Toni Schuberl, député écologiste de la Bavière, les autorités nationales ont négligé le réseau : « On n’a misé que sur la voiture : le bus et le train n’existait pour ainsi dire que pour ceux qui n’ont pas le permis. On a supprimé des lignes secondaires et laissé le réseau à l’abandon. Il aurait fallu inverser l’ordre des priorités bien plus tôt. Le gouvernement bavarois gaspille beaucoup d’argent dans des projets absurdes, notamment la construction de routes. Cet argent serait bien plus utile pour les chemins de fer. »
Dans le cadre du plan climat, 86 milliards d’euros doivent être investis par Berlin entre 2020 et 2030 pour moderniser le réseau, et ainsi favoriser ce moyen de transport.
Selon L’AFP Christian Böttger, chercheur pour l’Université technique de Berlin pour Courrier International, de nombreux usagers habitant loin des centre-villes ne disposent pas d’infrastructures ferroviaires suffisantes qui pourraient remplacer l’automobile. Le report espéré du trafic automobile sur les transports publics n’est ainsi pour lui pas garanti.
65,2% des trains longue distance sont arrivés à l’heure en 2022, ce qui représente une baisse de 10% par rapport à l’année précédente. Selon l’Agence fédérale de l’environnement, les automobilistes ont émis davantage d’émissions de gaz à effet de serre en Allemagne, avec une hausse de 0,8 millions de tonnes.
Si l’opération du ticket à 9 euros a été une grande réussite, les opérateurs ferroviaires avaient eu des difficultés à gérer l’engouement. De plus, d’après un bilan de l’Office des statistiques, le billet à 9 euros a entraîné une stagnation du trafic routier, par rapport à 2019.
Le ministre des Transports n’a pas exclu une hausse du prix du billet à la longue, pour rendre la formule plus viable économiquement.
Pour les promoteurs du dispositif, l’abonnement à 49 euros est destiné à durer et donc à s’ancrer dans les habitudes. Cet ancrage dans le long terme pourra également permettre de recueillir un grand nombre de données sur les habitudes de transport et donc d’améliorer le service, y compris en complémentarité avec la voiture.