Malgré le large soutien témoigné lors du second tour à Emmanuel Macron, une majorité des Français ne souhaite pas aller plus loin qu’un vote de barrage au Front National en donnant au président une majorité à l’Assemblée, lors des élections législatives en juin prochain.
Une bataille de gagnée, mais pas la guerre
Au lendemain d’une élection donnant Emmanuel Macron largement vainqueur, un sondage Ispos/Sopra Steria confronte le mouvement En Marche ! (fraîchement renommé La République en marche) à la réalité. En effet, ce sondage effectué à l’entre-deux tours et portant sur l’abstention, le vote blanc et les intentions pour les législatives révèle que 61% des interrogés ne souhaitent pas (somme des « plutôt pas » et des « pas du tout ») que le nouveau président dispose d’une majorité de sa couleur politique à l’issue des législatives.
Ce résultat n’est pas entièrement étonnant : une grande partie de l’électorat d’Emmanuel Macron au second tour a voté dans le but de faire barrage à l’élection de Marine Le Pen, et non par conviction ou attrait pour le programme du nouveau président. C’est ainsi 43% des électeurs de M. Macron qui ont voté pour lui par opposition à la candidate du Front National. En comparaison, ce sont seulement 16% qui déclarent avoir voté pour son programme, et 8% qui se sont dit séduits par sa personnalité.
Macron face au rassemblement
Si Emmanuel Macron n’a pas manqué de remercier dans ses premiers mots cette catégorie d’électeurs – qui a parfois voté à reculons dans un rejet désespéré de l’idéologie FN – il ne pourra pas compter plus longtemps sur un soutien aussi large. Aujourd’hui, les militants de la France insoumise, du Parti socialiste ou encore des Républicains espèrent que le sacrifice de leur vote ne sera pas vain, et appellent le nouveau président à écouter leurs doléances. En évoquant l’écologie – aspect souvent trop absent de son programme et de ses déclarations – dans son discours au Louvre la nuit dernière, Emmanuel Macron a esquissé une ouverture vers une partie de cet électorat. Cette ouverture a d’ailleurs été remarquée par Nicolas Hulot, qui a déclaré espérer un « saut qualitatif » avec Emmanuel Macron.
Pour autant, le président fraîchement élu entend, en l’état actuel des choses, mener à bien son projet sans le diluer par des alliances : il a appelé ses électeurs à lui donner « une majorité vraie, une majorité forte ». Un objectif ambitieux selon les conclusions du sondage cité plus haut. Le mouvement du président étant encore débutant à l’Assemblée Nationale, le gouvernement provisoire d’Emmanuel Macron aura la double tache de trouver des représentants et de convaincre les électeurs : une mission qu’il faudra mener à bien avant le 18 juin.
« Une grande partie de l’électorat d’Emmanuel Macron au second tour a voté dans le but de faire barrage à l’élection de Marine Le Pen, et non par conviction ou attrait pour le programme du nouveau président. »
Le spectre de la cohabitation
Inutile cependant de se perdre en conjectures à l’heure actuelle : selon un autre sondage, réalisé par Ifop-Fudicial, le mouvement du président pourrait bénéficier d’une légère majorité (22% des sièges) à l’issue des législatives. Ce résultat nous rappelle qu’il ne faut comparer que le comparable : du fait des disparités régionales en France (il suffit de regarder la carte des votes du premier tour), il y aura beaucoup plus de deux partis en lice aux législatives, et donc un accès à la majorité bien avant le seuil des 50% de la présidentielle. D’un certain point de vue, peu importe que 61% des Français se prononcent contre une majorité, si les 39% restant votent pour celle-ci.
Rappelons que dans l’éventualité où Emmanuel Macron n’arriverait pas à rassembler suffisamment de votes à sa suite, il sera contraint de former un gouvernement sous le régime de la cohabitation. Ce cas de figure, qui s’est produit à trois reprises dans l’histoire de la Vème République (1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002), réduit considérablement la marge de manœuvre du président, qui voit son rôle réduit en théorie à la politique extérieure.

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