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Trois amis, un tour du monde à vélo et une prise de conscience écologique

“Être ensemble, c’est s’autoriser à voir plus grand, plus loin”

Au départ, comme à l’arrivée, trois copains d’enfance. Tous assoiffés d’inconnu, de défis insolites et de rencontres imprévues. La folle idée d’un tour du monde fait son chemin. Leur amitié relèvera le défi. Ils en ont tiré un film et un livre.

“Le voyage au long cours se passe de raison”

On suit les trois, parfois quatre amis, dans la boue de la trans-amazonienne pendant 40 jours, au bord des glaciers de l’Antarctique, dans les déserts du Sahara ou de l’Australie, descendre le Yukon au Canada sur un radeau qu’ils ont construit, gravir les monts du Kirghizstan. Tout cela sans téléphone, pour retrouver le plaisir de trouver son chemin par soi-même, d’après les cartes et les indications des gens. Mais leur film ne cherchait pas à être une succession de défis sportifs, même si c’est souvent ce qu’on retient dans le monde des films d’aventure. I

Ils n’ont roulé que 45 % des 1098 jours de leur voyage. Dans les questions des internautes, c’est en majorité des questions d’ordre matériel qui ressortent : “Combien de kilomètres par jour ? Comment avez-vous tracé la route ? Quel était votre budget ? Quelle marque de vélo ? ”

Crédit Photo : Solidream

“L’adrénaline ce n’est pas de gravir les montagnes.”

Quand on comprend que l’essentiel est ailleurs, on retient d’autres scènes : l’accueil impromptu d’Oscar qui les voit sous la pluie en Patagonie et leur offre un abri,  puis les envoie chez des amis ; les feux de forêt filmés au Brésil pour faire de la place pour la culture de céréales qui nourriront nos animaux européens ; quand chacun pousse l’autre à tour de rôle lorsque l’un d’eux a fait sauté la chaîne de son vélo.

On se souvient de la phrase d’un policier australien : “Je vous déconseille d’aller jusqu’au bout”. Les trois amis traverseront pourtant le désert australien sous 50 degrés, ayant repéré des points d’eau tous les 250km, rencontrant la faune locale au venin mortel. Si on ne le voit pas à l’écran, ce périple a été pourtant étudié et préparé. Chaque fois, il s’agit d’équilibrer l’anticipation et l’improvisation, le calcul et la part d’inconnu. L’aventure, c’est autant le dépassement de ce qu’on se croyait capable de faire, que l’acceptation de ses propres limites et l’humilité devant la grandeur de la nature. C’est, avant tout, s’autoriser à les explorer, et s’offrir la possibilité d’aller plus loin, peu importe ce que l’on fait.

Crédit Photo : Solidream

Mais quand il s’agit des lois des hommes, les amis n’hésitent pas : coincés en Chine en attente d’un renouvellement de visa, ils partent sans autorisation et sans papier, passent sous une barrière, profitant que des policiers soient scotchés au poste de télé.

“Être ensemble, c’est s’autoriser à voir plus grand, plus loin”

On retient ce rapport aux Anciens : le père d’un des aventuriers qui retrouve la cabane où il a passé dix mois avec des amis d’aventure trente ans plus tôt, leurs regards quand ils retrouvent dans leur ancien refuge les photos de leur voyage, la tente construite avec des voiles trouvées dans une poubelle ou encore une veste qui les attendait depuis trente ans. La rencontre avec Alain, le jeune retraité rencontré au bout de trois jours de recherches pour être matelots sur un plaisancier plutôt que d’embarquer sur un bateau de touristes, qui prend la mer pour les conduire.

La tristesse au moment du départ, mais aussi la joie d’une rencontre, la reconnaissance, en quittant ceux qui les ont hébergés, aidés, mais aussi qu’ils ont inspirés. Qu’on ne reverra pas, mais dans le voyage, l’éphémère a des airs d’éternité.

“Vous avez réalisé mon rêve de gosse, vous m’avez réconcilié avec la jeunesse”

Quels sentiments inspirent ces aventuriers chez ceux chez qui ils passent, et chez ceux qui voient leur film ? Tant de fois ils ont entendu « Si je n’avais pas mon travail, ma famille, ma situation, je partirais comme vous ». Pourtant, eux aussi ont quitté une situation, un travail, des proches, une vie sociale, pour vivre ce rêve. Des proches qui ont pu acquiescer du bout des lèvres avant de venir fiers, être méfiants ou au contraire vivre le voyage par procuration.

Crédit Photo : Solidream

Quand nous disons J’ai envie, est-ce l’image carte postale d’être sur le voilier ou en haut du sommet, ou est-ce de vivre tout le processus, avec ses sacrifices et ses difficultés ? De la même manière, quand nous demandons aux adolescents de se projeter dans un métier, est-ce l’image d’une fonction qu’ils cherchent ou bien la réalité d’un mode de vie ?

Les amis de Solidream se sont eux-mêmes nourris aux récits d’autres aventuriers. La part d’exotisme et de fantasme a joué, mais ils étaient prêts à assumer la réalité moins romanesque du voyage d’aventure, prolongeant ainsi la boucle des montreurs de possibles. Au risque parfois, de devenir un produit fantasmé.

“En nous perdant au milieu de nulle part nous nous sommes retrouvés”

Dès qu’ils le peuvent, ils donnent un coup de main à leurs hôtes : débroussaillages, constructions… l’aide est naturelle et le partage, l’essentiel de leur voyage. On comprend que leur passage est aussi un véritable voyage intérieur pour leurs hôtes, de toutes cultures et de tout milieu social. Le voyage intérieur, ce fut aussi pour celui qui retrouva le pays de son grand-père au Laos, et de sa famille chilienne. 

En trois années, la promiscuité est le grand défi de cette amitié. Comment préserver son individualité quand tout se fait ensemble ? Heureusement, lors de leurs séjours en ville, les amis s’accordaient des moments seuls. Une seule scène d’engueulade dans le film, mais on en imagine bien d’autres, comme les fous rires et les coups foireux. Et ces dialogues qui disent tout et qui se passent de commentaire, comme celui-ci, à 3000 mètres d’altitude en Chine :

– “On mange quoi ce soir ?

– Ce soir on mange pas, on grignote des cacahuètes et des biscuits, mon pote”

Devant les défis physiques, c’est toujours le même pas à recommencer. Leurs pieds qui glissent dans la boue, leur soif dans les déserts, les cols à gravir, nous enseignent la ténacité, mais aussi la confiance, car les chemins ne sont jamais vides.

C’est ce que révèle une des dernières scènes du film, sans doute la plus belle : la montée d’un col au Kirghizstan, avec la grêle, sans savoir où est le prochain village et sans avoir assez de nourriture. Et puis, hors caméra, mais avec des photos pour nous raconter, des bergers qui les croisent, qui les emmènent dans leur famille, le thé chaud, les yaourts et le pain croustillant à l’extérieur et moelleux à l’intérieur de la seule femme de la maisonnée, les enfants, le soleil qui revient, la séance d’apprentissage des chiffres dans leurs langues respectives, les bergers essayant le vélo et eux les chevaux, la leçon sur les racines qu’on peut trouver pour se nourrir dans la montagne, et en partant, le son de la flûte du Laos qu’ils ont offert à un enfant.

Crédit Photo : Solidream

“Retrouver la vie contrastée par les couleurs que le monde nous a prêtées”

Chacun reviendra changé de ce voyage, notamment dans sa conscience écologique, qui a pris corps. Ce n’est plus seulement l’appréciation d’un beau paysage et le fait de trier, c’est devenu une conscience de la chaîne de nos gestes et de leur poids.

Crédit Photo : Solidream

Il y a des gens qui font des choses peut-être autant pour les autres que pour eux-mêmes. En voyant ces images, certains retrouvent l’envie de faire : s’ils ont pu faire ça, c’est que tout est encore possible. D’autres seront renforcés dans leur confort : des gens comme ça existent, mais ils font partie d’une élite qui peut se le permettre. L’envie ne se transmet qu’à ceux qui sont prêts à l’accueillir, la graine ne prend que dans une terre fertile.

“Célébrer la grandeur des hommes : ce que l’aventure a révélée en nous, celle des autres que la route n’a cessé de montrer, et celle qu’on n’espère plus car on se l’est appropriée. Charge à chacun de la tenir éveillée. Chaque sentinelle est responsable de tout l’empire.”

Solidream intervient dans différents lieux pour présenter leur voyage et leur travail. Pour les contacter et en savoir plus sur le film, le livre et le voyage. Solidream

Sarah Roubato

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