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400 activistes ont bloqué des sites de Lafarge pour dénoncer l’impact de la bétonisation du Grand Paris Express

Baptisé « Grand Paris Express », ce nouveau réseau de transport fera le tour de Paris, tout en reliant les aéroports et certains centres urbains « stratégiques ». Outre 42 milliards d’euros d’investissement, il s’apprête à engloutir, d’ici 2030, plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles, notamment celles de Gonesse, et laissera derrière lui 43 millions de tonnes de déblais et 40 millions de tonnes supplémentaires de déchets inertes ou de terres polluées.

« Stop à la bétonisation », « Sous le béton, la rage », « Grand Péril Express » : depuis ce mardi 29 juin, 13 heures, plusieurs centaines de militants bloquent quatre sites industriels du Port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), pour s’opposer à « ce qui est en passe de devenir le plus grand crime contre l’humanité et l’ensemble du vivant ».

Venus de toute la France à l’appel des Soulèvements de la Terre et d’Extinction Rebellion, les manifestants ont investi une cimenterie, une centrale à béton et un site de retraitement des déchets inertes du bâtiment appartenant au géant français Lafarge, ainsi qu’une centrale du cimentier Eqiom, filiale d’un groupe irlandais.  

La première journée d’occupation s’est déroulée sans encombres. Vêtus de masques et de combinaisons blanches, de petits groupes d’activistes ont verrouillé et barricadé les entrées des sites à l’aide de sacs de ciment, tandis que d’autres repeignaient les façades de slogans ou déployaient une banderole « Construire, c’est détruire » au sommet des silos verts de Lafarge.

Crédit : XR France

Un peu plus tard, les militants se sont emparés de sacs de sable et, formant des chaînes humaines, les ont déversés dans la Seine et sur les voies ferrées du port, afin de « bétonner les bétonneurs » et renvoyer aux fonds du fleuve une partie de cette précieuse ressource. 

Lire aussi : « Pour punir la pollution de Lafarge, Paris veut donner une personnalité juridique à la Seine »

Après une nuit passée sur place, l’occupation continue, ce mercredi 30 juin, sur les sites de Gennevilliers. Sans intervention des forces de l’ordre, elle devrait durer plusieurs jours, durant lesquels les activités des deux cimentiers resteront à l’arrêt.

À 9 heures 30, la centrale de Mirabeau, sur le port de Javel, dans le XVe arrondissement de Paris, a également été envahie par quelques dizaines de militants, décidés à étendre la lutte à d’autres sites de production de Lafarge, accusé, pour rappel, d’avoir financé en 2013 et 2014 des groupes terroristes via sa filiale syrienne. Une décision de la Cour de cassation est attendue le 15 juillet.

Crédit : XR France

Lire aussi : « Gonesse : une gare du Grand Paris menace toujours 110 hectares de terres agricole »

Premier port fluvial français et second à l’échelle de l’Europe, le port de Gennevilliers n’a pas été ciblé par hasard : chaque année, 20 millions de tonnes de marchandises transitent le long de ses 12 kilomètres de quais, principalement des matériaux lourds : sables, graviers et ciments, destinés au secteur de la construction. 

Alimentant en béton toute l’Île-de-France, le port de Gennevilliers devrait jouer un rôle central dans l’édification du Grand Paris, ce projet d’aménagement titanesque prévoyant de faire sortir de terre 70 000 logements par an, des bureaux, des centres d’activités, culturels et sportifs, mais surtout un maillage de 200 kilomètres de métro composé de 4 lignes et 68 gares.

Baptisé « Grand Paris Express », ce nouveau réseau de transport fera, en somme, le tour de Paris, tout en reliant les aéroports et certains centres urbains « stratégiques ». Outre 42 milliards d’euros d’investissement, il s’apprête à engloutir, d’ici 2030, plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles, notamment celles de Gonesse, et laissera derrière lui 43 millions de tonnes de déblais et 40 millions de tonnes supplémentaires de déchets inertes ou de terres polluées.

Lire aussi : « Haute-Loire : un million de graines semées pour s’opposer à une route menaçant 140 hectares de terres agricoles et forestières »

Crédit : XR France

Dans un communiqué commun avec Extinction Rebellion, les Soulèvements de la Terre, mouvement national apparu comme spontanément cette année (voir ici leur appel), précise que le Grand Paris est un emblème de la manière dont « les géants de la construction » ruinent « nos conditions d’existence et la possibilité même de notre avenir ».

Le béton, expliquent les activistes, est « le matériau humain le plus utilisé, mais surtout le plus destructeur de la planète ».

Toute structure en béton nécessite au moins deux tiers de sable, dont l’humanité consomme entre 27 et 40 milliards de tonnes chaque année.

Or, comme le pétrole et le gaz, cette ressource est limitée, ne se renouvelle pas, et son extraction, des carrières terrestres aux rivières, fleuves, bassins et fonds océaniques, est extrêmement polluante. C’est un ravage pour la biodiversité, l’environnement et même pour le paysage, si l’on conçoit que la moitié du sable vendu sur le marché a été volé aux littoraux.

Crédit : Les Soulèvements de la Terre

Lire aussi : « La guerre du sable : 75 % à 90 % des plages sont menacées de disparition »

L’industrie du béton (et plus largement le secteur de la construction) est la plus polluante du monde. À elle seule, elle serait responsable de 5 à 8 % des émissions globales de gaz à effet de serre, selon les estimations.

Comme matériau, pratique, capital, lobby, le béton est aussi la cause principale de l’artificialisation des sols, qui s’étend de 20 à 30 000 hectares par an dans notre pays, soit l’équivalent d’un petit département tous les dix ans, conquis sur les espaces naturels et la biodiversité.

En France, cinq multinationales, parmi lesquelles Lafarge et Eqiom, réalisent 95 % de la production de ciments. Avec l’État et les entreprises de la construction, Vinci et Eiffage en tête, ce sont elles qui, pour Les Soulèvements de la Terre, promeuvent « le culte d’une croissance infinie » et s’accaparent les zones vivrières, forestières, bocagères, humides.

« Bloquer l’industrie de la construction est un acte révolutionnaire, expliquent ainsi les militants, dont la semaine d’actions « Grand Péril Express » vient clore une campagne d’occupation et de réappropriation des terres sacrifiées aux projets inutiles — les Vaîtes à Besançon en mars, les terres agricoles de la Prévalaye en avril, le Pertuis vers Saint-Etienne en mai.

Une nouvelle saison d’actions doit avoir lieu à l’automne. Elle sera inaugurée par « une marche populaire jusqu’aux portes du ministère de l’agriculture et de l’alimentation à Paris »

Augustin Langlade

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