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37 milliards d’euros pour moderniser l’arsenal nucléaire

Pour la sénatrice Hélène Conway-Mouret (PS), « ces dépenses sont contraintes et dépassent en volume le budget de nombreuses politiques publiques ».

En juillet 2017, un traité d’interdiction de l’arme atomique a été voté par 122 États membres de l’ONU. Ce texte devrait entrer en vigueur en 2019, mais il est boudé par les puissances nucléaires, dont la France.

Cette dernière a au contraire adopté une toute autre démarche. Adoptée en juin dernier, la loi de programmation militaire prévoit d’investir un budget de 37 milliards d’euros jusqu’en 2025 afin de moderniser l’arsenal nucléaire français.

Pour la sénatrice Hélène Conway-Mouret (PS), «ces dépenses sont contraintes et dépassent en volume le budget de nombreuses politiques publiques». En effet, les dépenses dédiées au nucléaire militaire devraient passer « d’une moyenne annuelle de 3,2 milliards entre 2014 et 2019 » à une moyenne de « 5 milliards entre 2019 et 2023 », pour « approcher les sept milliards » par an après 2023. Le 11 mai 2018, elle propose un amendement à cette loi. Sa revendication : «un grand débat national afin que les citoyens s’approprient cette décision qui engage un investissement non-négligeable». Son amendement est rejeté.

La dissuasion nucléaire, une efficacité non-démontrée

Depuis 1960, année où la France s’est dotée de la bombe atomique, la dissuasion nucléaire est censée lui garantir indépendance et sécurité.

Indépendance ? Dès l’origine, la matière première (de l’uranium enrichi) avait été fournie par les Etats-Unis. Aujourd’hui, la France n’a pas l’exclusivité de la maîtrise industrielle pour l’armement atomique. Depuis l’accord de Lancaster House, signé en 2010, elle travaille avec la Grande-Bretagne pour l’amélioration de leurs « têtes nucléaires et des équipements associés, afin d’en assurer la viabilité, la sécurité et la sûreté à long terme».

Sécurité ? Selon Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, rien ne démontre l’efficacité de la dissuasion nucléaire.

«L’Histoire est ponctuée d’épisodes où cette stratégie n’a pas fonctionné. En 1983, par exemple, l’Argentine savait parfaitement que le Royaume-Uni possédait la bombe atomique: cela ne l’a nullement dissuadée d’occuper les Malouines» relève-t-il.

L’absence de débat

Emmanuel Macron, cependant, déclarait à l’occasion de ses vœux aux armées en janvier 2018 : «La dissuasion fait partie de notre histoire, de notre stratégie de défense et elle le restera. Je suis persuadé que la pertinence de notre modèle de dissuasion, basé sur la stricte suffisance, demeure. C’est lui qui nous permet de conserver notre autonomie stratégique et notre liberté d’action en toutes circonstances, dans un contexte  international qui n’autorise aucune faiblesse».

Le problème, c’est que ce « modèle de dissuasion » implique un coût de plus en plus important, sans qu’aucun débat public n’ai été véritablement ouvert. Le 4 juillet 2018, La Croix a publié un sondage Ifop révélant que 67 % des Français interrogés souhaitent que la France ratifie le traité d’interdiction des armes nucléaires. 56 % se déclarent «défavorables à ce que la France renouvelle et modernise ses armes atomiques ».

Cependant, ces résultats ne semblent toujours pas atteindre le Parlement. L’ancien ministre socialiste Paul Quilès l’avait déjà constaté le 18 janvier dernier devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale : « «Il n’y a pas de vrai débat en France sur la pertinence à la fois stratégique, économique, éthique de la dissuasion nucléaire, en raison de l’affirmation d’un consensus… Qui n’a jamais été vérifié».

Image à la une : Stéphane De Sakutin / AFP

Marine Wolf

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