L’anti-Robin des Bois est de retour, prêt à nous jouer un mauvais tour ! Le gouvernement d’Edouard Philippe a annoncé que les aides pour le logement allaient être uniformément ponctionnées de cinq petits euros par mois. Une broutille, l’équivalent d’un pain au chocolat non ? Il faut bien qu’une partie de la population finance la réduction d’impôt pour les 0,1% des foyers les plus riches après tout.

Les APL, c’est quoi ? Ca concerne qui ?
L’allocation personnalisée au logement (APL) est une aide destinée aux foyers modestes calculée en fonction des ressources et du prix du loyer de la zone d’habitation. 6,5 millions de foyers bénéficient actuellement de l’APL. Soulignons également, à la suite de Marianne, que 99% de son montant est destiné à des foyers qui touchent jusqu’au revenu médian (environ 1 700 euros par mois) et 48% de ce même montant est destiné aux ménages appartenant au 10% des ménages les plus pauvres. Les étudiants sont également largement touchés par ces aides puisqu’ils sont près de 800 000 à toucher l’APL (son montant n’est pas calculé en fonction du revenu des parents pour les aider à gagner leur autonomie).
Ca coûte bonbon
Evidemment quand 20% des foyers français sont bénéficiaires d’un aide publique, ça coûte un peu d’argent. Et peu importe qu’il s’agisse d’une mesure éminemment redistributive qui permet à de nombreux foyers en difficultés d’accéder au logement, quand il s’agit de combler le déficit public et d’attirer les investisseurs étrangers, chaque centime compte ! Avec un coût de 18,5 milliards d’euros par an, soit « 3 fois le budget du ministère de la Justice » comme le souligne Thierry Solère, il devenait urgent d’arrêter de jeter l’argent par les fenêtres (encore faut-il avoir un logement pour pouvoir jeter l’argent par les fenêtres).
Simplifier, la clef du succès
C’est alors que Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics donne le contour de sa mesure austère : 5 euros de moins par mois pour tous les bénéficiaires de l’APL. Emmanuel Macron voulait « simplifier » le système, on est servi. Grâce à cette réforme courageuse, le gouvernement pourra économiser la somme astronomique de 100 millions d’euros d’octobre à décembre 2017 : une grain de sable dans les quelques 4,5 milliards que le gouvernement voudrait économiser pour garder son déficit au seuil de 3% du PIB, tel que le demande l’Union européenne (on n’y est jamais parvenus depuis 2007, soit dit en passant).
APL vs ISF : nous n’avons pas les mêmes valeurs
Mais il faut bien relever que, alors que le gouvernement fait des économies sur les revenus les plus modestes, il s’apprête à l’inverse à faire des dépenses folles pour le bonheur des plus grandes fortunes. Remplacer l’ISF par une taxe sur la fortune immobilière permettra aux 2 830 ménages les plus riches de capter environ 1,3 milliard d’euros (sur les 4 milliards que coûtera la réforme). Baisser de 5 euros par mois l’APL pour les ménages les plus pauvres les privera de pain pendant une semaine (qu’ils mangent de la brioche ! aurait sans doute répliqué l’ex-banquier, s’inscrivant comme il sait si bien le faire, dans la lignée monarchique).
Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde rappelle :
« Un allocataire du RSA bénéficiaire de l’APL touche 472 euros par mois. Une fois toutes ses dépenses courantes déduites, il ne lui reste que 58 euros pour se nourrir, soit moins de 2 euros par jour. Pour lui 5 euros, c’est énorme. »
Ca gronde à l’horizon
La nouvelle mesure du gouvernement n’a pas fait l’unanimité (et c’est peu de le dire). Même dans les rangs d’En Marche ! – qu’on commençait à croire en parfait symbiose avec la « pensée complexe » de Macron – un mécontentement sourd commence à poindre. La CFDT a appelé le gouvernement à revenir sur cette mesure, Benoît Hamon est révolté sur tweeter, et les syndicats étudiants dénoncent une mesure injuste.

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