La Cour suprême de Colombie a rendu sa décision sur la déforestation du pays le 5 avril dernier, donnant ainsi raison à 25 jeunes ayant intenté une procédure contre le gouvernement.
Une décision historique
Dans une décision rendue le 5 avril, la Cour suprême de Colombie a ordonné au gouvernement de mettre fin à la déforestation qui ravage le pays. Cette décision historique demande aux provinces et municipalités d’élaborer un plan d’action dans les cinq mois à venir afin de protéger la forêt.
Pour rappel, la déforestation — dont la déforestation illégale — sévit dans de nombreuses forêts tropicales et pèse environ 60 milliards de dollars par an, principalement grâce à la culture du soja, de l’huile de palme ou encore de l’élevage de bétail. L’Amazonie a concentré à elle seule 66% des « alertes de déboisement précoce ».
Selon les chiffres de l’Institut d’hydrologie, de météorologie et d’études environnementales de Colombie (IDEAM), le pays aurait perdu 178 597 hectares de forêt vierge en 2016 dont 70 074 hectares en Amazonie. Les chiffres de l’année 2017-2018 ne sont pas encore établis, mais restent colossaux lorsque l’on sait que plus de 20 000 hectares de forêt ont disparu sur le seul mois de février.
Ainsi, par la même occasion, la Haute Cour a déclaré que l’Amazonie bénéficie de droits juridiques et de protection en vertu de la loi. Cette action n’est pas sans rappeler la volonté de la Cour constitutionnelle colombienne de statuer que le « Fleuve Atrato avait des droits » en 2016.
Justice climatique et sociale
Bien que le gouvernement colombien se soit engagé à réduire le phénomène ainsi qu’à protéger l’Amazonie, les résultats n’ont pas été observés. Face à ce constat, des citoyens se sont emparés du problème.
À l’origine du jugement, se trouvent donc 25 jeunes accompagnés par l’ONG Dejusticia. Ces derniers ont intenté une procédure contre l’État pour « ne pas avoir garanti leurs droits fondamentaux à la vie et à l’environnement ». Une « tutelle » ayant été accordée par la Haute Cour, les plaintes pour violation des droits constitutionnels ont été examinées rapidement.
Cette décision historique prend également en compte l’existence d’une « justice intergénérationnelle ». En effet, la Cour reconnait dans sa décision que « les droits accordés par la constitution de la Colombie impliquent une transversalité et concernent les êtres humains qui habitent et qui doivent pouvoir jouir d’un environnement sain (…) ». La pollution et la déforestation ont donc été reconnues comme « constituant des entraves certaines au bien-être des colombiens et des futures générations ». La justice climatique devient ainsi une justice sociale.
En espérant que les plans des gouvernements soient à la hauteur de la décision de la cour et inspirent les pays du monde entier à faire de même.

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