La protection du vivant n’est plus seulement une cause. C’est devenu une guerre. Avec ses territoires convoités et défendus, ses enjeux économiques et de luttes de pouvoir, ses double jeu et ses alliances.
En Amazonie, cette guerre continue à faire des morts. Ce vendredi, Paulo Paulino Guajajara, membre de l’ONG créé par les autochtones pour lutter contre les coupes illégales de bois et l’expansion agricole, a été assassiné dans la région d’Arariboia, dans l’Etat du Maranhão au Brésil. Il est le cinquième de cette organisation en trois ans.
Devant l’inefficacité de la police nationale, les autochtones ont décidé de défendre la forêt et ses habitants, patrouillant et détruisant les campements de coupe illégale et remettant les trafiquants entre les mains de la police. Sous ce gouvernement mais aussi sous les précédents, les intérêts communs entre les élites politiques et les exploitants locaux laissant ces crimes impunis.

Selon l’ONG britannique Global Witness, en 2018, près de 200 personnes ont été assassinées pour avoir défendu leurs terres et l’environnement. 30 aux Philippines, 24 en Colombie, 23 en Inde, 20 au Brésil, 20 au Guatemala, 14 au Mexique. L’Amérique latine concentre 60 % des assassinats. Mais ces chiffres ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Bien plus encore sont persécutés, menacés ou emprisonnés comme en Iran où neuf défenseurs de l’environnement onté été emprisonnés pour espionnage, parmi lesquels Kavous Seyed-Emami, professeur de sociologie irano-canadien, emprisonné et déclaré suicidé par l’état iranien en 2018.
Le rapport « At what cost » de l’ONG britannique rappelle que ces meurtres sont perpétrés afin de poursuivre la production de denrées qui sont vendues dans nos supermarchés pour nos shampooings, le soja de le bétail que nous mangeons.
Si en 2016 la Cour Pénale Internationale reconnaissait les crimes contre l’environnement aux crimes « impliquant ou entraînant des ravages écologiques, l’exploitation illicite de ressources naturelles ou l’expropriation illicite de terrains », le texte ne s’applique qu’aux membres de la CPI, qui ne comprend donc pas l’Iran ni les Philippines, mais comprend le Brésil ou le Mexique. Ce texte reste flou sur les recours pour poursuivre les crimes perpétrés à l’encontre des défenseurs de l’environnement. Le droit d’ingérence en effet se pose.
Ces crimes nous rappellent que la protection du vivant n’est pas une affaire de bobos des métropoles, mais un enjeu qui englobe des enjeux essentiels politiques, économiques, territoriaux. Et avec l’afflux de réfugiés climatiques, la raréfaction de l’eau potable, cette réalité frappera bientôt à nos portes.