La France qui lutte est encore debout. La CGT a recensé « plus d'un million de personnes » dans les manifestations organisées ce jeudi dans tout le pays à l'appel des syndicats pour peser sur les choix budgétaires du nouveau Premier ministre. Le ministère de l'Intérieur n'a pas encore communiqué ses chiffres.
Pari réussi pour l’Acte 2 du mouvement « Bloquons Tout », qui a eu lieu ce jeudi 18 septembre dans toute la France. Le nombre de personnes mobilisées a dépassé les prévisions. La CGT a décompté vers 17 heures « plus d’un million de personnes » dans les rues.
140 interpellations ont eu lieu, dont 21 à Paris. Parmi elles, 75 personnes ont été placées en garde à vue, dont 16 à Paris. Huit membres des forces de l’ordre ont été légèrement blessés. A Lyon, un journaliste de France Télévisions et un policier ont été blessés lors d’affrontements entre forces de l’ordre et un groupe de jeunes masqués, en tête de la manifestation. A Nantes, le cortège a été rapidement scindé après des jets de gaz lacrymogènes. A Marseille, un policier a été filmé en train de donner un coup de pied à une manifestante au sol.
« Le président, c’est lui le chaos. Et tout ce qui a lieu en ce moment est le résultat de son action, à lui, pas la mienne », s’est exprimé Jean-Luc Mélenchon auprès de l’AFP. « Après, si on doit appeler chaos toute mobilisation sociale ou politique dans ce pays, on ferme, ce n’est plus une démocratie. »
80 000 policiers et gendarmes, 24 blindés et 10 canons à eau sont déployés sur tout le territoire ce 18 septembre par le ministère de l’Intérieur. Un dispositif « jamais vu » depuis les Gilets jaunes.
« Le fait que tous les syndicats soient réunis en intersyndicale veut dire beaucoup. Le fait que tous les partis politiques progressistes aient appelé à cette manifestation également. Donc oui, c’est un grand jour », a réagi Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes. « Les Français ont décidé de relever la tête et de se battre pour leur dignité »
Cette année, la France a franchi le niveau record de 9,8 millions de personnes pauvres.
Principale demande du mouvement social, la taxation des plus riches permettrait de rentrer 22 milliards d’euros par an dans les caisses publiques. Crédit : Isabelle Vauconsant lors de la manifestation à Paris
« On lance un avertissement très clair au gouvernement et au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu », précise Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT. « On a posé des lignes claires sur le fait qu’on est tous contre la réforme de l’assurance-chômage, qu’on voulait un budget de justice sociale, fiscale et écologique. »
Pour les syndicats, ce budget ne peut pas se faire sur le seul dos des travailleurs et des travailleuses, alors que le Sénat a rejeté la taxe Zucman cette année.
« C’est pas un changement de casting qui va nous faire rentrer chez nous. C’est pas la suppression de quelques mesures cosmétiques, comme les 2 jours fériés. Là, il faut une rupture en profondeur. Il faut enterrer l’ensemble de ce musée des horreurs : il faut abroger la réforme des retraites, il faut des moyens pour nos services publics, notre santé, nos écoles, etc. Et il faut augmenter les salaires et les pensions. Je rappelle que nos salaires n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de 2020 », a exprimé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, avant le départ de la manifestation contre les mesures d’économies budgétaires à Paris.
Parmi les revendications les plus importantes de la journée : la taxe Zucman. Cet impôt-plancher de 2% sur le patrimoine des 1800 milliardaires français est un « minimum syndical » pour rétablir les recettes de la France selon l’économiste Thomas Piketty.
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