De samedi matin à dimanche midi, ces 8 et 9 octobre, plus de 1000 citoyens ont paralysé deux sites de TotalEnergies. Leur objectif : dénoncer le scandale du projet EACOP, en Ouganda et Tanzanie, et faire pression pour que le gouvernement taxe les superprofits des pétroliers. Il s’agit de la plus grande opération de désobéissance civile en Belgique depuis l’action Bombspotting sur le site de l’OTAN en 2005.
C’était la toute première action de Code Rouge, une coalition d’action ouverte initiée par des citoyens de tout âge. Elle s’inspire de plateformes d’action similaires à l’étranger, comme Ende Gelände en Allemagne, qui rassemble chaque année des milliers de citoyens pour protester contre les mines de charbon à ciel ouvert.
De samedi matin à dimanche midi, les activistes ont bloqué le dépôt de carburant Feluy, dans la province du Hainaut, et le site de Wandre, près de Liège. Soutenue par 24 organisations citoyennes et écologistes, cette action de grande ampleur avait pour objectif d’exiger la sortie des énergies fossiles et de pointer du doigt la responsabilité de cette industrie dans la crise climatique et sociale.

Les nombreuses banderoles brandies appelaient notamment à mettre fin aux projets fossiles néocoloniaux de la multinationale française. Le projet EACOP était particulièrement décrié dans le monde entier : TotalEnergies veut construire le plus long pipeline chauffé du monde (près de 1445 kilomètres) en Tanzanie et en Ouganda, avec des conséquences désastreuses pour les communautés locales et la biodiversité.
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Les impacts négatifs des activités de l’industrie fossile se font aussi ressentir localement. Le site de Feluy a été ciblé avec soin : il fait l’objet d’une plainte déposée en février dernier par la commune d’Écaussinnes, auprès du procureur du Roi, en raison de la pollution chronique de l’environnement et du déboisement sauvage que le site engendre.
« Les participants dénoncent la catastrophe climatique, sociale et humaine causée par les activités d’entreprises comme TotalEnergies » explique Chloé Mikolajczak, porte-parole de Code Rouge présente sur le blocage. « TotalEnergies a réalisé d’énormes profits ces derniers mois dans un contexte de profonde crise sociale et climatique, où les familles ne savent plus comment payer leurs factures d’énergie. »

La société française a annoncé il y a 10 jours qu’elle verserait un dividende exceptionnel de 2,6 milliards d’euros à ses actionnaires, provoquant la colère de la population mais aussi des salariés français qui ont entamé une grève pour une meilleure rémunération.
Or, non seulement le gouvernement français n’a pas daigné taxer les superprofits de l’entreprise, mais il envisage à présent de réquisitionner des salariés dans les raffineries pour reprendre l’activité en cas de blocage trop long.
Les activistes de Code Rouge, à travers des slogans comme « Les Belges rament, Total profite », ont rappelé comment la major pétrolière française réalise des superprofits records alors que les foyers doivent affronter une hausse des prix de l’énergie. Des factures ont ainsi été collées sur des wagons citernes pour dénoncer cette injustice sociale.
En Belgique, l’action de Code Rouge avait aussi pour but de faire pression sur le gouvernement d’Alexander De Croo, qui doit voter cette semaine un accord sur une potentielle taxation des superprofits réalisés par les entreprises énergétiques.
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