Un rapport intitulé « The Carbon Majors Database » publié par l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) montre que 100 entreprises liées à l’extraction d’hydrocarbures sont responsables de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988. Pendant que de plus en plus de multinationales s’engagent pour atteindre un objectif de 100% d’utilisation d’énergies renouvelables, les entreprises les plus polluantes peinent à prendre le pas de la transition écologique. Et c’est navrant.
L’ONG environnementale britannique Carbon Disclosure Project et le Climate Accountability Institute ont publié cette semaine une étude faisant état du rôle des grandes entreprises spécialisées dans l’extraction d’hydrocarbures quant aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le constat est plutôt troublant : 25 multinationales ou entreprises publiques (ramenées à 100 en comptant les filiales) sont responsables de 71% des émissions de CO2 depuis 1988 (l’année où la responsabilité humaine dans le changement climatique a été officiellement reconnue).
Il s’agit du premier rapport à classer les entreprises, et non les Etats, en fonction de leurs émissions de gaz carbonés. Pourtant, les premières entreprises polluantes qui apparaissent dans le classement sont des entreprises publiques ou bien financées par l’Etat : on trouve en pole position l’extraction de charbon en Chine (nationalisée) responsable de 14,3 % des émissions mondiales, suivie par la Saudi Arabian Oil Company (Aramco, compagnie nationale saoudienne) responsable de 4,5 %, Gazprom OAO (compagnie russe) à 3,9 %. On trouve ensuite les grandes entreprises privées que sont ExxonMobil, Shell, BP ou Chevron qui comptent entre 1,3 % et 2 % d’émissions mondiales. Total, la seule entreprise française présente dans le classement est responsable de 0,9 % des émissions mondiales de GES et se place à la 19ème position.
Dans une interview donnée au Guardian, Pedro Faria, le directeur technique et environnemental pointe ainsi la responsabilité des agents publics qui investissent massivement dans ces compagnies ultra-polluantes, et la nécessité de réduire les extractions d’hydrocarbures pour ces multinationales, sans quoi le réchauffement climatique progressera de 3 à 4 degrés au moins d’ici 2100 (contre l’objectif de moins de 2 degrés fixé par la COP21). Pourtant, les investissements publics et privés continuent d’affluer, dans une logique toujours court-termiste, pour extraire les hydrocarbures.
Quelques efforts sont réalisés par les compagnies qui commencent à investir timidement dans les énergies renouvelables, mais on est loin des résolutions nécessaires pour engager la transition écologique.
A l’inverse, de plus en plus de multinationales (dont le rôle dans l’émission de gaz à effet de serre est ridicule comparé aux compagnies citées précédemment) se mobilisent pour réduire drastiquement leurs émissions carbonées. Le RE100, une initiative globale et collaborative, est parvenue à rassembler 100 compagnies influentes qui s’engagent à court ou moyen terme à adopter un modèle basé sur le 100 % renouvelable. Parmi celles-ci on trouve Ikea, Google, Facebook, Apple, Coca-Cola et bien d’autres encore.
Pour Charlie Kronick, conseiller à Greenpeace UK, les investisseurs ont désormais un choix à faire :
« Le futur de l’industrie pétrolière est déjà écrit. Le choix est donc : est-ce que son déclin sera géré en réinvestissant le capital des actionnaires dans les véritables industries du futur ou est-ce qu’ils continueront à espérer ne pas être les derniers quand leur monde s’effondrera. »