Le 15 septembre, l’ONU publiait un rapport estimant que 11% de la population souffrait de malnutrition. Une nouvelle étude du World Food Programme (WFP), intitulée « Couting the beans. The true cost of a plate of food around the world » (Compter les haricots. Le vrai coût d’un plat de nourriture autour du monde), montre que le problème n’est pas le manque de nourriture, mais les difficultés d’accès à celle-ci : le même ragoût de haricots coûte 1$ à New York et 321$ au Soudan…
« En 2016, 795 millions de personnes avaient faim »
C’est ainsi que commence l’étude de WFP, blanc sur fond rouge, sans fard.
Le rapport de l’ONU mettait en évidence différents facteurs de l’insécurité alimentaire parmi lesquels les conflits ont une place importante et complexe dans la mesure où ils détruisent les infrastructures de transport, entrainent des déplacements de population d’un pays à un autre. « Que la nourriture coûte cher dans les pays pauvres est quelque chose que l’on sait depuis longtemps. Pourtant ce n’est que récemment qu’est venue l’idée d’un indice global pour déterminer le coût relatif de la nourriture dans différents pays, par opposition à une valeur absolue », explique David Beasley, l’administrateur de WFP, dans l’introduction de « Counting the beans ».
Globalement, la méthodologie que suit cette étude consiste à calculer dans 33 pays le prix moyen d’un plat de nourriture dans un pays, et à transformer ce prix en un pourcentage du salaire quotidien, afin d’estimer le pouvoir d’achat des individus concernant la nourriture. Ce taux est ensuite rapporté au revenu moyen d’un individu d’un pays riche (pour avoir plus de détails, rendez-vous en page 11 du rapport). Le résultat de ce calcul illustre une divergence colossale entre les pays en développement et les pays riches.
Pour ne prendre qu’un exemple, un New-Yorkais consacrerait en moyenne 0,6% de ses revenus quotidiens pour un ragoût de haricots de 600 kilocalories, quand pour un Sud-Soudanais, le même plat coûterait 155% de ses revenus quotidiens ! Si l’on renverse la perspective, c’est comme si le New-Yorkais payait son ragoût… 321$.

Les conflits : déstabilisateurs des systèmes alimentaires
L’étude commence par prendre l’exemple de la Syrie : aujourd’hui, la surface cultivée du pays représente à peine 70% de celle de 2011, les cheptels bovins et ovins ont diminué de la même manière en raison de difficultés à trouver du fourrage pour nourrir les bêtes, tout ceci en raison de la destruction d’une grande partie des systèmes d’irrigation, de transport, des réseaux électriques, des machines agricoles.
Alors qu’avant le conflit, la Syrie récoltait en moyenne 3,4 tonnes métriques de blé, en 2016 elle n’en récolte plus qu’1,5, soit une diminution de plus de la moitié. De ceci résulte que la moitié de la population est en besoin d’assistance alimentaire.

La Syrie a constitué en 2016 le principal destinataire des aides du WFP, qui a notamment apporté une aide financière à deux producteurs de dattes, ce qui a permis d’acheter des machines et de développer la production, estimée pour 2017 à 660 tonnes métriques par mois.
Dans la conclusion de son étude, le WFP appelle à restaurer les systèmes alimentaires ainsi que les chaînes d’approvisionnement afin d’atteindre l’objectif Zero Hunger par lequel on « s’engage à mettre fin à la faim, à assurer la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition et à promouvoir une agriculture durable ».
Crédits photos : World Food Programme

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