Cocktail toxique
Dans sa tribune « Faites passer la santé de nos enfants d’abord » publiée par Le Monde en novembre 2017, Baskut Tuncak, scientifique et rapporteur spécial des Nations unies sur les produits et déchets dangereux, tirait la sonnette d’alarme.
Un test permettant de détecter 1 800 polluants organiques et 40 métaux lourds à partir d’une analyse de cheveux apporte à présent une preuve à ses propos. ToxSeek vient d’être mis à la disposition du public, et parmi les personnes déjà examinées, le constat est sans appel. Les molécules toxiques sont extrêmement présentes dans l’organisme.
L’inquiétude est particulièrement grande en ce qui concerne les enfants : entre 40 et 62 molécules chimiques ont été détectées chez chacun d’eux.
Les enfants en première ligne
« Ce n’est pas la dose qui fait le poison, mais la fréquence d’exposition à des polluants toxiques. » explique Matthieu Davoli, cofondateur de ToxSeek.
« Nous réagissons tous différemment face aux polluants et, pendant la croissance, pour nos enfants, les risques sont beaucoup plus importants. »
Encore autorisé malgré les débats qu’il suscite, le glyphosate figure parmi les premiers coupables. 9 000 tonnes en sont déversées chaque année sur les cultures en France. « Deuxième pays européen après l’Espagne à en utiliser le plus, 90 % de nos rivières, 60 % à 70 % de nos nappes phréatiques sont contaminées » dénonce François Veillerette, de Générations Futures. Ainsi, comme l’observe le toxicologue médical Nouredine Sadeg, président du comité scientifique de ToxSeek, les pesticides touchent aujourd’hui 100 % de la population.
Une contamination large
Mais il n’y a pas que les pesticides. Polluants plastiques, parabens, conservateurs, médicaments… Ces produits, même à faible dose, ont un effet de perturbateur endocrinien et présentent des risques cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques et/ou neurotoxiques, soulignent les rapports d’analyses toxicologiques.
« Avant, c’était l’usine qui rejetait des métaux lourds », rappelle le Dr Sadeg.
« Aujourd’hui, avec les colorants à base de métaux lourds dans des vernis à ongles, ou le marbre artificiel de nos cuisines, les nouvelles technologies et nos téléphones mobiles, les nanoparticules vendues par millions de tonnes dans le monde entier, on entre dans une contamination large. »